La température augmente-t-elle dans toutes les régions du monde ?

Non, pas tout à fait. Cela dépend en partie de la période de temps et de la taille de la région considérées.

Il est désormais admis que la température moyenne planétaire a augmenté depuis le début du xxe siècle, avec une accélération du réchauffement au cours de la fin de la période. Cependant, la cartographie de ce réchauffement (ou distribution spatiale) fait apparaître des contrastes importants.

Tendance linéaire de la température moyenne annuelle entre 1901 et 2012

Source : 5eme rapport du GIEC, 2013

Distribution spatiale de la tendance linéaire de la température moyenne annuelle entre 1901 et 2012 (en °C de réchauffement sur l’ensemble de la période considérée). Les régions en blanc  représentent les régions où il n’y a pas suffisamment de données pour que le calcul de la tendance soit fiable. Les tendances significatives d’un point de vue statistique (au niveau 5 %) sont indiquées par des signes +. Les calculs sont basés sur les données du NCDC (Vose et al., 2012).

La figure ci-dessus montre les tendances de température, estimées en chaque point1 du globe, au cours de la période 1901-2012. Comme il s’agit d’une période assez longue, la variabilité climatique est relativement faible, et les tendances sont essentiellement représentatives d’une évolution de long terme. Cette carte montre qu’une très large majorité de régions ont subi une augmentation de température. L’exception la plus notable concerne une partie de l’océan Atlantique Nord, située au large de la pointe sud du Groenland. Bien que beaucoup moins étendue, une partie du sud-est des États-Unis ne s’est pas ou peu réchauffée au cours de cette période. Cette carte illustre plus largement les disparités observées. À côté de régions ayant connu un refroidissement, certaines régions ont vu leur température augmenter beaucoup plus fortement (parfois plus de 2 °C), parmi lesquelles l’Asie centrale, une grande partie du Canada, le sud-est du Brésil. Une partie des océans Atlantique Sud et Indien a également connu un réchauffement plus rapide que le reste des océans.

Bien qu’elle ne l’illustre pas explicitement, cette figure montre que si l’on se concentre sur de grandes régions, c’est-à-dire un continent ou un bassin océanique, un réchauffement est effectivement observé dans toutes les régions du monde (à l’exception notable de l’Antarctique pour lequel très peu de données sont disponibles). Il faut descendre à des échelles spatiales plus fines pour trouver des régions se refroidissant.

Même en se focalisant sur de grandes régions, cette carte indique que le réchauffement n’est pas uniforme dans l’espace. Deux caractéristiques de cette distribution spatiale méritent, en particulier, d’être soulignées. Tout d’abord, le réchauffement est, en moyenne, plus rapide sur les continents que sur les océans. Ensuite, les régions arctiques se réchauffent plus vite que les régions tropicales et que l’essentiel de l’hémisphère sud. On peut noter que, dans les deux cas, il s’agit de caractéristiques attendues pour un réchauffement consécutif à une augmentation de l’effet de serre. Dans le second cas, en particulier, on parle d’amplification arctique du réchauffement, amplification en partie liée à la fonte d’une partie de l’eau solide (neiges et glaces) couvrant le pôle, qui contribue à refroidir la surface par réflexion du rayonnement solaire. Cette amplification n’est ici que partiellement illustrée, car les observations réalisées à proximité des pôles demeurent rares, et ne sont que rarement utilisables pour ce type de calcul (voir en particulier les données manquantes sur la figure précédente).

La figure ci-dessous fournit une illustration comparable, mais sur des périodes plus courtes (1911-1940, 1951-1980 et 1981-2012). Cette figure illustre la modulation du réchauffement, à la fois dans le temps et dans l’espace. Selon la sous-période considérée, on peut observer des refroidissements régionaux, ou même une absence de réchauffement à l’échelle globale entre 1951 et 1980. Ainsi le diagnostic sur le réchauffement observé dépend de la période de temps considérée. Au cours de la période la plus récente, c’est-à-dire celle ayant vu la plus forte augmentation des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre, le réchauffement est en moyenne relativement marqué, mais épargne un large partie est de l’océan Pacifique, ainsi qu’une partie de l’océan Austral. On peut cependant remarquer que la quasi-totalité des continents se réchauffent, avec toujours des disparités marquées.

Tendance linéaire de la température moyenne annuelle au cours de différentes sous-périodes entre 1911 et 2012

Source : 5eme rapport du GIEC, 2013

Distributions spatiales de la tendance linéaire (en °C par décennie) de la température moyenne annuelle entre 1911 et 1940 (en haut), entre 1951 et 1980 (au milieu), et entre 1981 et 2012 (en bas).  Les régions en blanc  représentent les régions où il n’y a pas suffisamment de données pour que le calcul de la tendance soit fiable.

Enfin, une façon plus originale d’envisager les « régions » du monde consiste à ne plus s’intéresser seulement à la surface, mais à considérer une atmosphère en trois dimensions. Par exemple, les données satellites et les mesures effectuées par ballons permettent d’évaluer la température de l’atmosphère en altitude. Ces données s’accordent sur un réchauffement de l’ensemble de la troposphère (couche inférieure de l’atmosphère, approximativement entre la surface et 10 km d’altitude). A contrario, la stratosphère (couche intermédiaire, située entre 10 km et 50 km d’altitude environ) a connu un refroidissement marqué au cours des dernières décennies. Bien que cela puisse paraître contre-intuitif, ce refroidissement s’explique aussi en partie par l’augmentation de l’effet de serre. Enfin, si l’on regarde en dessous de la surface, différentes études ont identifié une augmentation du contenu thermique de l’océan, que l’on peut relier à une température moyenne, dans sa couche superficielle (quelques centaines de mètres).

Notes

  • 1. Un « point » est en fait ici un « petit carré » d’environ 500 km de côté. Les jeux de données de températures adaptés à ce type d’étude, et disponibles à l’échelle globale, ne sont pas mieux résolus.
Centre national de la recherche scientifique
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat