Les événements météorologiques extrêmes récents sont-ils liés au changement climatique en cours ?

Les événements climatiques ou météorologiques extrêmes sont généralement définis comme des événements rares (du fait de leur forte intensité, durée ou étendue spatiale) ou des événements intenses ayant un fort impact socio-économique même s’ils ne sont pas rares (comme les cyclones).

De nombreux événements météorologiques ou climatiques extrêmes ont ponctué les dernières décennies en France. Ces phénomènes ont parfois été qualifiés de « sans précédent connu », comme la vague de chaleur de 2003 ou les tempêtes Lothar et Martin de décembre 1999.  Cela amène à se poser la question du lien entre ces événements, et plus largement entre la fréquence et l’intensité des événements extrêmes, et le changement climatique d’origine humaine.

La première difficulté vient de la nécessité de replacer ces événements dans une perspective climatique de long terme. L’analyse nécessite des séries d’observations de qualité d’autant plus longues que les événements sont rares. Il est cependant possible de tirer des enseignements des séries disponibles par exemple pour les épisodes de fortes chaleurs généralement recensés sur plusieurs décennies sur la plupart des continents.  Les données en France depuis 1947 montrent ainsi une augmentation du nombre et de l’intensité des vagues de chaleur, avec en particulier les trois plus longues et 3 des 4 plus intenses observées après 1981

Voir «Vagues de chaleur et changement climatique » sur le site de Météo-France. https://www.meteofrance.com/changement-climatique/observer/changement-climatique-et-vagues-de-chaleur 

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Mais montrer une évolution dans les statistiques des événements extrêmes ne suffit pas pour en attribuer l’origine aux conséquences des activités humaines sur le climat. Cette attribution peut être faite s’il est possible de montrer que ces événements auraient été moins intenses ou moins fréquents s’il n’y avait pas eu d’émissions anthropiques de gaz à effet de serre.

Il est possible de le faire grâce à des simulations climatiques, les mêmes qui permettent d’attribuer le réchauffement climatique moyen de la planète aux activités humaines. Il est même récemment devenu possible d’utiliser les simulations numériques pour montrer que la probabilité d’occurrence d’un évènement extrême singulier a pu être modifiée par le facteur humain

Voir « Evénements météorologiques extrêmes et changement climatique » dans l’Encyclopédie de l’environnement. https://www.encyclopedie-environnement.org/climat/evenements-meteorologiques-extremes-changement-climatique/

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Quel est donc le constat que l’on peut faire à la date d’aujourd’hui concernant les extrêmes climatiques ? Ce constat est fonction du type et de la localisation des événements.

Concernant les vagues de chaleur, il est établi que si elles sont plus fréquentes, plus longues et plus intenses, il s’agit bien pour l’essentiel d’une conséquence du changement climatique anthropique et non d’une conséquence de la seule évolution naturelle du climat. Il a en particulier pu être établi que les canicules comparables à celle de juin 2019 avait été rendues au moins 5 fois plus probables aujourd’hui qu’il y a un siècle, et plus chaudes de 1,8°C à 4°C que si elles s’étaient produites au siècle dernier

Voir « La vague de chaleur de juin 2019 » sur le site DRIAS du Ministère de la transition écologique. http://www.drias-climat.fr/accompagnement/sections/277

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Un constat équivalent est beaucoup plus difficile à établir pour les précipitations intenses en raison d’une plus grande variabilité spatiale des tendances, et parce que les simulations climatiques sont moins performantes pour simuler ces évolutions. Cependant, il est parfois possible d’établir, par la modélisation, un lien entre le changement climatique anthropique et l’intensification des précipitations pour certains types d’événements. C’est le cas pour une étude portant sur les pluies extrêmes du printemps 2016 qui a montré qu’il est possible que les activités humaines aient augmenté l’intensité et la probabilité d’occurrence de tels phénomènes, sans que les observations disponibles permettent de le confirmer

Voir « Les pluies extrêmes du printemps 2016 » sur le site DRIAS du Ministère de la transition écologique. http://www.drias-climat.fr/accompagnement/sections/208

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Par ailleurs, même si une attribution formelle ne peut pas être faite pour les événements de pluies diluviennes du sud-est de la France que l’on a observé en octobre 2020, une étude a mis en évidence une augmentation de l’intensité des maxima annuels du cumul quotidien de précipitations méditerranéennes (entre 7 % et 37 % sur la période 1961-2015) qui va dans le sens de ce qui est attendu du fait du réchauffement climatique

Voir « Changement climatique et épisodes méditerranéens » sur le site de Météo France. http://www.meteofrance.fr/climat-passe-et-futur/impacts-du-changement-climatique-sur-les-phenomenes-hydrometeorologiques/changement-climatique-et-episodes-mediterraneens

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Depuis les années 80, les sécheresses des sols superficiels sont plus étendues en France métropolitaine bien qu’aucune étude ait permis de démontrer formellement le lien avec les activités humaines. Mais dans ce cas aussi, ces changements vont dans le sens de ce qui est attendu du réchauffement climatique qui accentue l’évapotranspiration de l’eau en surface et donc le risque de sécheresse.

Pour les tempêtes en France métropolitaine, il est plus facile de conclure car aucune tendance significative de long terme de leur nombre ou intensité n’est observée depuis les années 50. Dans ce cas, la variabilité naturelle d’une année à l’autre et d’une décennie à l’autre l’emporte sur tout éventuel signal anthropique.

Tempête de décembre 1999 sur la France

Météo France

Animation d’images du satellite METEOSAT du 14 au 29 décembre 1999.

Il n’est pas non plus possible de conclure sur une tendance anthropique concernant le nombre ou l’intensité des cyclones tropicaux qui touchent parfois les territoires d’outre-mer. Mais ce constat provient d’abord de l’absence de données de qualité suffisante pour replacer les évolutions des cyclones dans une perspective climatique de long terme.